Question d'entretien : répondre à « pourquoi vous et pas un autre ? »

C’est une des questions classiques de l’entretien de recrutement qui déstabilise de nombreux candidats. Qu’attendent les recruteurs en lançant un « Pourquoi vous et pas un autre » ? Et quelles sont les réponses à éviter ? 5 experts de l’entretien d’embauche nous répondent.

Généralement posée en toute fin d’entretien, la question « Pourquoi vous et pas un autre ? » peut surprendre. L’objectif du recruteur n’est pas de mettre le candidat mal à l’aise, ni de lui demander de se comparer aux autres postulants, mais plutôt d’évaluer son degré de motivation. « Il s’agit de déterminer si le candidat a vraiment envie du poste et s’il a parfaitement compris la mission et le contexte de l’offre », explique Vincent Picard, directeur associé du cabinet Fed Human.
Au fond, le recruteur cherche à savoir « si la personne en face de lui peut correspondre au poste et si elle est capable de transmettre sa motivation », ajoute Marie-Claire Lemaître, directrice générale de Mercuri Urval.



Rappeler ses points forts pour le poste

Pour autant, dire que l’on est motivé ne suffit pas. Encore faut-il le démontrer en mettant en exergue les points de concordance entre son parcours et la fonction proposée. Pour cela, Françoise Marseu, responsable du recrutement du groupe Atrya, conseille « de prendre en note les mots-clés qui ressortent du descriptif du poste effectué par le recruteur, puis de restituer les points de la mission en expliquant sur quoi l’on va s’appuyer pour réussir ».
C’est un exercice de synthèse qui est demandé au candidat. « Il faut montrer sa valeur ajoutée en restant factuel et précis sur ce qui a été accompli dans les entreprises précédentes », complète Anne Mary, directrice de Norma RH Conseil.
"Reconnaître ses faibles est une force puisque le candidat parfait n'existe pas"

Rester modeste

« Parce que je suis le meilleur ! » Voilà sans doute la pire des réponses. Même sur le ton de l’humour ou de la connivence, cette phrase peut passer pour de la prétention. L’arrogance et l’égocentrisme, à ne pas confondre avec l’aplomb et l’assurance, sont rarement bien perçus par les professionnels des RH.
« Les candidats les plus brillants sont souvent les plus humbles », rappelle Claude Peridier, responsable du marché du recrutement du groupe Adéquat. Il est plus opportun d’évoquer ses points forts et de mentionner ses points faibles. Car, contrairement aux idées reçues, « reconnaître ses faiblesses est une force puisque le candidat parfait n’existe pas », précise Claude Peridier.
Toutefois, la liste des points forts doit être plus longue que celles des bémols, qu’il faudra contrebalancer en expliquant son envie de progresser et de s’améliorer.
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Éviter les banalités sans exemples concrets

Certains candidats pensent qu’énumérer des qualités peut suffire à justifier la pertinence d’une candidature. « Les recruteurs peuvent être intéressés par du dynamisme ou de la ténacité, mais le candidat ne peut pas se contenter de le clamer sans l’illustrer par des exemples précis », rappelle Françoise Marseu. Cette responsable du recrutement raconte, par exemple, avoir été convaincue de la persévérance d’un candidat lorsque celui-ci lui a indiqué qu’il participait à des compétitions d’aviron. Quoi qu’il en soit, « la principale erreur reste la banalisation des réponses », admet Françoise Marseu.
Mieux vaut donc éviter les généralités et « se méfier des phrases toutes faites et des discours plaqués », rappelle Marie-Claire Lemaître. Avant d’ajouter : « le candidat gagne toujours à faire passer ses tripes. » Si besoin est, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus. Pour Françoise Marseu, « les jeunes diplômés peuvent s’appuyer sur des faits non professionnels ou sur leur scolarité pour démonter leurs compétences. »

Répondre absolument !

« Bonne ou mauvaise, il faut être capable d’apporter une réponse », tranche Vincent Picard. Cela montre que le candidat a fait, en amont de l’entretien, un travail d’introspection et qu’il a réfléchi sur ses motivations.
Le jour J, s’il le faut, prenez quelques secondes pour réfléchir. Mais n’allez surtout pas vous dédouaner sur le recruteur en lui rétorquant : « c’est à vous de me le dire ! » ou, autre variante possible, « c’est à vous de répondre ! » Une lapalissade qui pourrait coûter cher à celui qui l’énonce.
« En répondant ainsi, vous vous mettez dans une position infantile en laissant l’autre décider », analyse Claude Peridier. Si l’on postule à une offre, c’est que l’on juge son profil pertinent. Sans quoi, « tout le monde perd son temps », conclut la responsable d’Adéquat.

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