Une intelligence artificielle plus forte que des médecins pour détecter des tumeurs


À l’issue d’une compétition organisée samedi dernier à Pékin, en Chine, c’est le score sans appel de 2 à 0 qui a été obtenu par un vainqueur pour le moins étonnant : une machine. Opposé à des médecins aguerris, un système d’intelligence artificielle s’est en effet révélé capable d’établir des diagnostics médicaux avec bien plus de justesse que ses compétiteurs en blouse blanche.




On savait l’intelligence artificielle déjà capable de prédire l’avenir… La puissance des algorithmes vient une nouvelle fois de prouver son potentiel avec cette nouvelle prouesse que vient d’accomplir une machine : diagnostiquer avec une plus grande fiabilité que les médecins des pathologies cérébrales.
Le "match" a eu lieu samedi dernier à Pékin, en Chine, et opposait les plus éminents radiologues du pays à BioMind, un système capable d’établir un diagnostic médical grâce à l’intelligence artificielle. Résultat de la rencontre : une victoire haut la main de la machine 2 à 0.
Le premier round de la rencontre avait pour règle du jeu de diagnostiquer le plus précisément possible des tumeurs cérébrales à partir de l’analyse de cliché d’imagerie médicale. En trente minutes, l’équipe humaine constituée de 15 médecins chinois issus des meilleurs hôpitaux du pays est parvenue à établir son verdict avec justesse dans 66% des cas. Une performance honorable, pourtant bien loin de celle réalisée par BioMind.
Selon l'agence chinoise Xinhua, les algorithmes, eux, n’ont en effet nécessité qu’une quinzaine de minutes pour atteindre une justesse de diagnostic de 87%. 1-0 pour la machine !
Un match à l’issue indiscutable
Après la mi-temps, le deuxième round a été consacré à la prédiction de l’expansion potentielle d’hématomes cérébraux. Les médecins ont visé juste dans environ 6 cas sur 10. Le système d’intelligence artificiel, quant à lui, a atteint le score record de 83% de justesse. Un match qui se solde donc par une écrasante victoire algorithmique 2 à 0. Une réussite impressionnante qui ne semble toutefois pas étonner les spécialistes.
"Je ne suis pas du tout surpris par les résultats", concède Wang Yongjun, vice-président exécutif de l’Hôpital Tiantan de Pékin, siège du centre de recherche à l’origine du développement de BioMind. Il faut dire que l’entraînement de la machine fut on ne peut plus intensif et rigoureux. Les algorithmes ont en effet été abreuvés de dizaines de milliers d’images médicales issues des archives accumulées pendant une décennie à l’Hôpital Tiantan.
De quoi permettre à BioMind de diagnostiquer les troubles neurologiques communs avec une fiabilité de plus de 90%, "autant qu’un médecin expérimenté", souligne Wang Yongjun. Les spécialistes de chair et d’os auraient-ils alors du soucis à se faire face à la concurrence des machines ? Rien n’est moins sûr, dans l’immédiat en tout cas.
Un redoutable concurrent ? Pas si sûr
"L’intelligence artificielle a déjà été utilisée pour aider les médecins à lire les images telles que les scanners pulmonaires, pour les diagnostics établis dans quelques établissements chinois", explique Cheng Jingliang, professeur de radiologie à l’Hôpital universitaire de Zhengzhou, dans la province du Henan, au centre-Est du pays.
"Toutefois, l’utilisation de l’intelligence artificielle en est encore à ses balbutiements dans le domaine médical, et la précision des diagnostics établis par l’intelligence artificielle est à la traîne par rapport à celle des professionnels confirmés dans la plupart des cas pour l’instant", tempère le scientifique. Mieux qu’un concurrent direct, c’est donc plutôt un précieux conseiller que pourrait représenter l’intelligence artificielle pour la médecine des années à venir.
"Ce sera comme un GPS guidant une voiture. Cela suggérera des propositions à un médecin et l’aidera à établir son diagnostic", prévoit Paul Parizel, directeur du département de radiologie de l’Hôpital universitaire d’Anvers, en Belgique, membre du jury de ce concours médical homme-machine.
"Ce sera au médecin de donner son ultime décision, étant donnée l’existence d’un certain nombre de facteurs qu’une machine n’est pas capable de prendre en compte, tels que l’état de santé d’un patient et sa situation familiale", conclut le scientifique. Aussi puissants qu’ils soient, les algorithmes ne devraient pas égaler de si tôt la sagesse et la complexité de l’esprit humain. La singularité technologique demeure encore un mythe…

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