Il y a un an, j'avais l'habitude de dire et je pensais "Ce que je ne supporte pas, ce qui est impardonnable pour moi, c'est le mensonge", aujourd'hui rien que de penser a cette phrase, cela me fait hurler de rire. J'ai beaucoup appris dans cette année passée
Que faire face à un mythomane?
Il y a ceux qui enjolivent la réalité ou ceux qui ont tendance à l'exagérer. Et puis, il y a les vrais mythomanes, plus rares, mais bien plus dangereux. Comment les reconnaître et réagir face à ce trouble psychiatrique?
Durant des années, Marie, aujourd'hui âgée de 55 ans, a réellement cru son ex-mari lorsqu'il lui parlait de son passé de champion de ski au sein de l'équipe nationale suédoise. D'ailleurs, tous les ans lors de leur traditionnelle semaine aux sports d'hiver, il arrivait avec une moisson de forfaits gratuits, qu'il distribuait à ses enfants ainsi qu'aux amis, affirmant qu'il bénéficiait de ces largesses au titre de son glorieux passé.
Il a fallu qu'un jour elle le surprenne en train d'acheter lesdits forfaits pour qu'elle commence à avoir des doutes. Et de découvrir dans la foulée que celui qu'elle pensait être un cadre commercial ultra-performant -sinon comment expliquer les montres de luxe, les voitures de sport et autres signes extérieurs de richesse?- avait en réalité cumulé des dizaines de prêts à la consommation pour masquer sa déroute financière.
Lorsqu'elle a fini par le confronter à ses mensonges, Marie a découvert un autre homme: "Il est devenu violent, verbalement et physiquement, comme si j'étais devenue l'ennemie à abattre".
Les mythomanes croient à leurs mensonges
Une réaction qui ne surprend pas le psychanalyste Pascal Neveu, auteur de Mentir, pour mieux vivre ensemble?: "Les mythomanes, à l'inverse des simples menteurs, croient réellement à leurs histoires. Ils ont besoin de s'inventer une vie, pour combler leur propre vide existentiel". Par conséquent, poursuit-il, "lorsque leurs mensonges sont démasqués, c'est leur intégrité même qui est mise en danger."
D'où des réactions pouvant être extrêmement violentes, pouvant aller de la disparition pure et simple -un Xavier Dupont de Ligonnès pourrait s'inscrire dans ce cas de figure- au suicide ou encore au meurtre. L'exemple le plus emblématique restant celui de Jean-Claude Romand, qui après s'être fait passer durant des années pour un médecin de l'OMS alors qu'il passait ses journées dans sa voiture, a fini par tuer femme et enfants, avant d'essayer d'attenter à ses jours.
La bonne réaction: partir en courant
Pour Pascal Neveu, la seule réaction qui vaille lorsque l'on est amené à côtoyer ce type de personnes, est "de partir en courant". Surtout, prévient-il, "ne pas tenter de le ou la confronter à ses invraisemblances. Encore une fois, le mythomane n'a pas conscience de mentir et ne peut pas reconnaître son délire, le mettre face à sa névrose peut lui faire perdre pied".
Une expérience vécue par Béatrice. "Tous les jours, mon ex partait de la maison en costume pour aller au travail. Il avait créé son entreprise d'informatique et ne tarissait pas de détails sur la croissance de ses activités. Jusqu'au jour où je l'ai aperçu en train de jouer au billard à 11 heures du matin, dans un bar à quelques rues de chez nous. Il s'est avéré qu'il avait mis la clé sous la porte six mois auparavant. La confrontation a été épouvantable. Le lendemain, il avait disparu de la circulation, me laissant seule avec les huissiers. Je n'ai eu de ses nouvelles que deux ans après, il avait manifestement recommencé la même chose avec une autre femme".
L'ex-mari de Karine a quant à lui réussi à faire croire à tout son entourage qu'il appartenait aux forces spéciales d'interventions du RAID alors qu'il appartenait certes à la police mais qu'il y était... archiviste. "J'ai eu toutes les peines du monde à convaincre mon fils que son père, dont j'étais séparée, ne lui racontait pas la vérité", explique-t-elle.
Ne pas confondre avec une simple propension au mensonge
"Très souvent, les mythomanes se choisissent des professions qui font rêver ou impressionnent, médecin, pilote, ou encore policiers. Ils ne mentent pas pour tromper les autres, ils le font pour survivre. Parce que c'est pour eux la seule façon d'avoir une identité", analyse Pascal Neveu. Attention d'ailleurs à ne pas confondre cette pathologie avec une simple propension à mentir.
"Avec l'affaire Cahuzac ou du rabbin Gilles Bernheim et sa fausse agrégation, on a vu fleurir des diagnostics un peu rapides, qualifiant ces personnalités de mythomanes. Je ne crois pas que l'on ait affaire à cela. Dans ces cas là, on est dans la sphère politique, dans une quête de pouvoir, qui justifierait les moyens. Ce sont des mensonges qui visent à se défendre ou à asseoir un statut, mais il n'est pas question à mon sens de mythomanie, pour la simple raison que ces gens ont conscience d'avoir menti".
Quant à savoir si les mythomanes sont plus nombreux aujourd'hui qu'avant, difficile de l'affirmer ajoute le psychanalyste. "Par définition, nous en recevons assez peu, ce ne sont pas des personnes qui éprouvent le besoin de consulter puisqu'ils ne sont pas conscients d'être malades".
Ceci étant dit, les pressions exercées aujourd'hui sur les individus en terme de réussite sociale et de performances "sont de nature à fragiliser les personnes un peu borderline", suggère-t-il. Sans parler de l'explosion des réseaux sociaux et de tous les outils facilitant l'usurpation d'identité. "Il ne serait pas étonnant que le phénomène s'exacerbe dans les années à venir."
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