Conquête de Mars : Elon Musk livre les détails de son projet de colonisation

Les sorties d'Elon Musk, le patron et fondateur de SpaceX, sont toujours très attendues. Et commentées. La dernière en date n'échappe évidemment pas à la règle. Celui-ci s'est exprimé à l'occasion du Congrès international d'astronautique (IAC), en Australie, et a dévoilé d'ambitieux projets pour envoyer des Hommes sur Mars.




L'étonnant Elon Musk. SpaceX, qui depuis trois ans n'arrive pas à envoyer des astronautes à bord de la Station spatiale internationale (ISS), située à moins de 500 kilomètres de la Terre, veut, en 2024, envoyer un équipage sur la planète Mars, en moyenne distante de 227.937 millions de kilomètres de nous. Et avec un lanceur qui n'existe pas !
S'exprimant lors du 68e Congrès international d'astronautique (IAC), qui vient de se tenir dans la ville d'Adélaïde, en Australie, Elon Musk a donné les détails de son ambitieux projet d'envoyer des Hommes sur Mars dans cinq ans et de transporter des personnes sur Terre en des temps records.
Une nouvelle version de l'ITS
Lorsqu'il y a un an, lors du précédent Congrès international d'astronautique, Elon Musk dévoilait sa vision détaillée de son voyage humain vers Mars (qui, selon lui, est techniquement réalisable et financièrement accessible), de nombreux observateurs étaient, au mieux, plongés dans l'expectative, voire amusés, notamment en raison des délais annoncés et du système de transport envisagé
À l'époque, Musk avait présenté l'ITS (Interplanetary Transport System), un système de transport avec un étage principal (le booster) surmonté du véhicule habité ou de sa version cargo pour des voyages habités à destination d'un peu partout dans le Système solaire. De ce projet, que certains ont jugé réalisable malgré quelques points durs, SpaceX en dérive aujourd'hui une version réduite en taille (106 mètres contre 122 mètres) et performance. Cette version comporte toujours un étage principal mais d'un diamètre de 9 mètres (contre 12 mètres initialement) et utilise non plus 42 moteurs Raptor méthane-oxygène, mais « seulement » 31. Provisoirement baptisée « putain de grosse fusée » (BFR pour Big Fucking Rocket, en anglais), cette nouvelle version de l'ITS sera capable de se rendre sur la Lune, sur Mars et de réaliser des vols commerciaux de longues distances sur Terre.
Comme pour l'ITS, techniquement, économiquement et en ce qui concerne le calendrier, cette « putain de grosse fusée » est un défi sans nom. Sans surprise, les choix architecturaux du lanceur divisent. Ils sont techniquement réalistes pour certains, mais extrêmement compliqués pour la plupart des observateurs du secteur, voire irréalisables. Quant à nous, nous n'allons pas en juger. D'abord parce que nous n'avons pas suffisamment de recul et d'informations concernant le détail des études de SpaceX et, d'autre part, parce que, après tout, les idées des ingénieurs de SpaceX, dont certains viennent de la Nasa, ne sont peut-être pas si farfelues que ce que veulent nous faire croire certains commentateurs.
Des humains sur Mars dès 2024, vraiment ?
Cela dit, là où le bât blesse, c'est sur le plan calendaire. Elon Musk prévoit des humains sur Mars dès 2024, après deux missions inhabitées qui déposeraient sur la Planète rouge l'infrastructure de survie nécessaire aux premiers arrivants. Pour le coup, cela nous paraît difficilement réalisable. Croire qu'un tel véhicule se développe en seulement moins de 5 ou 6 ans (alors que le moteur Raptor n'en est qu'au début de ses essais au banc), c'est très, très, très optimiste ! Et croire que, deux ans après son utilisation en vol automatique, il sera autorisé à faire du vol habité, ça l'est encore plus...
Certes, les équipes de SpaceX travaillent sur ce concept de lanceur depuis plusieurs mois, et cela trotte dans la tête d'Elon Musk depuis quelques années, mais tout de même. Quand on sait que le Falcon Heavy et la version habitée de la capsule Dragon sont très en retard sur leurs calendriers initiaux, on peut douter des capacités de SpaceX à tenir la feuille de route du BFR.
Enfin, dernières surprises d'Elon Musk : il prévoit aussi d'adapter son BFR aux voyages de longues distances sur Terre, ramenant la durée des trajets entre les principales villes du monde à moins d'une demi-heure. Ainsi, un Bangkok-Dubaï prendrait vingt-sept minutes, tandis que Tokyo serait à trente minutes de distance de New Delhi, tout comme New York de Paris. Par ailleurs, ce futur système de lancement doit également remplacer, à terme, le Falcon 9 et ses capsules Dragon ainsi que le Falcon Heavy, avec, peut-être, en point de mire, une nouvelle façon d'accéder à l'espace et de se déplacer en orbite basse et dans le système Terre-Lune.
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